Fini le temps des muettes
bonne ou domestique en 1900

Certaines coutumes féodales font explicitement référence à l'existence d'un privilège du seigneur : celui de précéder son vassal dans le lit conjugal lors de la nuit de noces. Ce droit féodal s'est perpétué au XIX' siècle ; il se démocratise. Aucun secteur n'est épargné. Les bonnes à tout-faire, à la dénomination si explicite, les ouvrières, les serveuses, mais aussi les employées, les vendeuses, les institutrices, les danseuses... subissent ces abus sexuels et sont nombreuses à être contraintes à céder au chantage.

Au tournant du XX' siècle, plusieurs grèves concernant formellement les atteintes à la dignité des femmes, dont la plus connue est celle de Limoges d'avril 1905, révèlent que les femmes, les ouvrières étant à l'avant-garde de ces dénonciations, ne sont plus les muettes du sérail. Entre le silence des victimes et les grèves, les femmes réagissent de multiples autres façons. A la lecture de plaidoiries, à l'occasion de faits divers, on découvre que l'appropriation sexuelle du corps des femmes n'est plus de l'ordre de l'évidence. Les auteurs de ces violences, sont certes, dans des proportions très faibles l'objet de charivaris, de dénonciations formelles dans l'entreprise et, ont, dans quelques rares cas, à répondre de leurs actes, devant la justice. En brisant le monopole de la parole masculine, des femmes font sortir de l'ombre ce qui relève dès lors de l'abus de pouvoir.
Si des hommes exigent qu'on leur cède, les femmes salariées, plus nombreuses, mieux organisées, plus qualifiées, réagissent et exigent de gagner leur vie en restant honnêtes. Le champ de la dénonciation s'élargit, au point de remettre en cause, marginalement il est vrai, toutes les atteintes à la dignité des femmes.

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